Mystère au Louvre (tome 1) - le travail de recherche

Ecrire à partir d'une époque qui nous est inconnue nécessite de faire attention à vérifier ses sources et faits historiques évoqués. Dans les intrigues d'Enquêtes à Paris, des notes en bas de page sont ajoutées avec des explications d'allusions à des événements réels par les personnages, mais également des annotations scientifiques. Mais aucune image d'archive n'y figure. Voici donc certaines archives réelles utilisées pour Mystère au Louvre :

« - Comme s’il n’y avait pas déjà assez de problèmes à Paris comme ça ! s’empressa de répondre Hélène, tout enjouée.
Elle réapparut à la porte de la cuisine, et se dirigea vers le salon.
- D’abord le braquage de la Société Générale*, puis le meurtre du gardien de la paix Garnier** hier, et maintenant un vol de tableau cette nuit. »

* Le 21 décembre 1911, une célèbre bande de criminels, la bande à Bonnot, a braqué un bureau de la banque de la Société Générale. Dans l’échange de tirs qui a suivi, un agent de service à la clientèle a été grièvement blessé. Le total du butin s’est élevé à 5000 francs.
** Le 27 février 1912, l’agent de police François Garnier, responsable de la circulation des voitures, se fait heurter volontairement par le véhicule d’un homme en délit de fuite et meurt sur le coup.


Voici les trois articles de journaux du Petit Parisien exploités pour en tirer des récents faits d'actualité au moment du déroulement du roman. La première coupure reprend le premier hold-up motorisé de l'histoire, le braquage de la succursale de la Société Générale par la bande à Bonnot. La deuxième évoque le meurtre de l'agent de police Garnier. Et la troisième présente la photographie de l'agent Garnier.

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


A propos du membre de la bande à Bonnot mis à l'honneur dans ce premier tome de Enquêtes à Paris - Raymond Callemin, dit Raymond la Science :

« - Tu as sans doute raison, mais, quel est le rapport entre la science et la disparition de ton père ? se demandait Guillaume. 
Le visage d’Hélène s’affola : 
- La Science ! C’est le surnom de Raymond Callemin* ! »

*Raymond Callemin était un dangereux militant anarchiste, membre de la bande à Bonnot, plus connu sous le surnom de Raymond la Science. La bande à Bonnot était un gang anarchiste criminel français qui a opéré en France et en Belgique de 1911 à 1912.


Voici les archives retrouvées le concernant. Le premier document est la fiche de police du criminel avec les dates de ses plus gros méfaits ; on y retrouve certaines dates utilisées dans Mystère au Louvre. Le deuxième document est une coupure du Petit Parisien datant du lendemain de l'arrestation de Raymond Callemin.

Sources Wikipédia et gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Mais, pour utiliser un homme historique dans un roman, il n'est pas possible de réinventer entièrement le personnage. A partir du peu d'informations recueillies, une tentative de reconstitution a été réalisée. 
Sur Wikipédia ainsi que dans d'autres articles de presse de l'époque et autres sources, on apprend notamment qu'il était "le fils d'un cordonnier du nom de Narcisse Callemin". Ce prénom a d'ailleurs servi à la création du message codé de la dernière carte associé au tableau de Nicolas Poussin, Echo et Narcisse. De plus, contrairement à la plupart des jeunes de l'époque, "il a fait des études jusqu'à l'âge de 16 ans et a appris le métier de photographe", donc c'était un homme assez cultivé, ce qui correspond à l'allusion du "Génie" et de son triangle dans Mystère au Louvre. En effet, le personnage de Raymond Callemin a été reconstitué au détail près : "son surnom de Raymond la Science lui est donné en raison de son goût immodéré de la lecture" et, selon les journaux de l'époque, "Callemin ne cessait, dans les parlottes anarchistes, d'appuyer les moindres affirmations sur l'autorité de la science. Son sobriquet lui fut décerné par dérision par ses camarades". Callemin lui-même aurait dit : "On m'appelle ainsi parce que je connais pas mal de choses et que pour mes amis j'ai autant de science en mon cerveau que l'on peut en trouver dans les livres". Lors de son arrestation le 7 avril 1912, il s'est exclamé "Vous faites une bonne affaire ! Ma tête vaut cent mille francs, chacune des vôtres sept centimes et demi. Oui, c’est le prix exact d’une balle de browning !" Grâce à tout ça, on comprend sa personnalité assez hautaine et cultivée, et son rapport à la science qui était parfait pour le premier tome de la série.

« - Xénocrate, philosophe platoniste représentait la Divinité par le triangle équilatéral, l’humanité par le triangle scalène, et les Génies par le triangle isocèle. Le premier de ces triangles a tous ses côtés égaux ; le second les a tous inégaux ; le troisième les a en partie égaux, en partie inégaux : ce qui figure bien la nature des Génies, lesquels réunissent et les affections humaines, et la puissance divine.
Hélène et Guillaume se regardèrent, surpris :
- Ça alors ! Tout correspond !
- Nos deux voleurs ne se prennent pas pour n’importe qui, on dirait. Ils ont l’air de se considérer comme des génies, et cherchent alors sans doute à nous le faire comprendre.
- C’est exactement ça, ajouta Guillaume. C’est comme s’ils faisaient exprès de semer des indices à déchiffrer derrière eux.
- De cette manière, seuls d’autres "génies" pourraient les démasquer. Et ils doivent nous prendre pour cibles. »